La seconde référence obligatoire pour remettre en question « l’histoire officielle », s’appelle François de Sarre. François Charousset de Sarre se présente comme un ichtyologiste franco-allemand. Son livre « Mais où est donc passé le Moyen-Age ? » est disponible en PDF depuis 2005 sur le site du CERBI [1] . Beaucoup d’entre nous ont découvert le récentisme par son biais, puisqu’il compile et explique la pensée de Fomenko et des récentistes allemands Illig et Topper notamment. Il est la référence française et francophone en matière d’écrits récentistes.

Avant de poursuivre sur le fond, intéressons-nous au site Internet du CERBI. Sous cet acronyme se cache un intitulé scientifique « Centre d’Étude et de Recherche sur la Bipédie Initiale » La Bipédie initiale ? Il s’agit d’une hypothèse scientifique née au XIX ème siècle, au moment de la controverse autour des théories de Darwin. Elle suggère que l’ancêtre commun à tous les mammifères n’a jamais marché à quatre pattes, mais seulement sur deux. L’ancêtre de l’être humain était donc bipède dès sa sortie de l’océan.

François de Sarre, soutient donc l’idée de « l’homoncule marin »,  le mammifère qui était déjà en station debout, dans l’océan, et qui sortit directement sur ses deux pattes. Aucune preuve, aucun fossile ni aucun indice sur des restes d’hominidés ne viennent accréditer cette théorie, et le site du CERBI s’en réjouit !

Homoncule marin, ayant développé une hydrocéphalie qui lui sert de flotteur.

Homoncule marin, ayant développé une hydrocéphalie qui lui sert de flotteur.

Résumons-la en quelques phrases : quand nous vivions sous l’eau, notre grosse boîte crânienne nous servait initialement de flotteur, et par compression et décompression d’un gaz, notre corps de méduse pouvait monter et descendre dans l’océan. Notre corps évolua, se complexifia, se couvrit de poils (en milieu aquatique !), perdit ses branchies, et un jour hop ! Il accosta sur la plage debout sur ses deux pieds palmés. C’est ainsi que l’humain perdit la faculté de se sustenter dans l’eau en pétant par les oreilles.

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Homoncule marin, représentation artistique de Robert Dumont

L’argument à la base de cette théorie est impressionnant : « Il m’a toujours paru idiot qu’un poisson sorte de l’eau et donne oiseau et mammifère, il est évident qu’il a dû sortir de l’eau debout ». [2] Que voulez-vous répondre à ça ? Le site propose pour étayer l’hypothèse de cet ancêtre aquatique bipède, des « tableaux hypothétiques », « des dessins hypothétiques » et enfin des « vue d’artistes ». [3]

Convainquant, non ?

Sous sa double casquette d’ichtyologiste/ cryptozoologiste (ceux qui étudient les animaux dits imaginaires comme le yéti, les vampires et les loups-garous), après avoir co-écrit un ouvrage sur les sirènes [4], François de Sarre promeut les thèses récentistes. Il accomplit notamment un gros travail de compilation en traduisant et vulgarisant les travaux des Russes et des Allemands. Il ajoute néanmoins sa petite touche personnelle en théorisant l’idée d’un « grand cataclysme » qui aurait ravagé la terre il y a 1000 ans et dont personne n’a jamais entendu parler.

Mais le site du CERBI, c’est encore beaucoup plus que cela : on y trouve un foisonnement d’informations en plusieurs langues et leurs traductions en français. On peut y découvrir des articles passionnants sur des chevaux marins carnivores [5] , un homme de Neandertal vivant la nuit, (ce que prouvent ses grosses orbites) qui serait l’ancêtre du satyre et des bêtes féroces des contes et légendes, ou encore un compte rendu des vacances de François de Sarre au Cameroun à la recherche du mokélé-mbembé, un monstre-dinosaure mystérieux vivant sur le fleuve Congo, peut être un cousin du monstre du Loch Ness [7] .

Pour revenir à l’Histoire et au récentisme, nous tenons à vous signaler la très belle traduction d’un article de Uwe Topper [8] , une référence dans l’école récentiste allemande abondamment citée par Pierre Dortiguier.
En Alsace, dit-il, le site du Mont Saint-Odile comporte une étrange forteresse de plus de 300 000 blocs, appelé le « mur païen ». Un étrange vestige de ce lointain passé ou semblaient vivre de grands bâtisseurs, qui pose aux historiens et archéologues des questions restées jusqu’à présent sans réponse. Comme  Fomenko, Topper utilise cet énigme qui déstabilise effectivement la vision « officielle » de notre passé, pour proposer sa version alternative. Mais en accusant le système de ne pas donner d’explication crédible à ce mur païen, il se dispense lui-même de prouver ou de démonter ce qu’il affirme. C’est pratique !

Car Uwe Topper  a trouvé la clé de l’énigme : «L’homme qui me montrait le mur s’écria soudain : « I hab’s. Saurier war’n’s ! » [= « J’y suis ; c’étaient les Sauriens ! »]. Cela sautait aux yeux. Les Sauriens avançaient en grandes troupes, voyaient devant eux un mur qui était trop haut à escalader, alors ils essayaient d’arracher les pierres. Mais celles-ci étaient attachées par les crochets. Alors, après quelques accès de colère, les Sauriens n’avaient plus qu’à s’en retourner dans la plaine, »
Ainsi apprend-on que le grand Uwe Topper, à la vue d’un mur de trois mètres de haut, s’imagina que des hommes l’avaient construit pour arrêter des dinosaures.
Nous disons « dinosaures » et non « sauriens » car c’est ainsi que doit être traduit le mot allemand Saurier, ce qu’un zoologiste germanophone ne peut ignorer.

Rappelons qu’un diplodocus (dont on possède des fossiles dans différents musées) mesurait 12 mètres de haut et un tyrannosaure environ 7. Ainsi même en faisant fi des millions d’années qui séparent l’extinction des dinosaures de l’apparition de l’homme,selon la science  » officielle » ce mur de 2 à 3 m de haut aurait été une bagatelle à franchir et serait donc la construction la plus inutile de tous les temps.
Lisons attentivement la fin de l’article où Uwe Topper précise une pensée qui est censée remettre en cause toute la communauté des historiens (la traduction est d’origine) :
« Réfuter veut dire : prouver de façon incontestable que Sauriens et humains n’ont jamais vécu au même moment. Démontrer veut dire : des squelettes de Sauriens reposent au pied de la muraille, ils ont jadis péri dans leurs infructueuses tentatives de la franchir.
C’est l’évidence même qu’aucune preuve, ni dans un sens, ni dans l’autre, n’a pu être apportée jusqu’à présent. Toutefois je considère mes surprenantes propositions – qui n’avaient encore jamais été formulées – comme plausibles et bonnes à examiner, même s’il nous faut user jusqu’à la corde notre faculté de tolérance, et que l’ouverture d’esprit nécessaire n’est pas courante. »

Voici donc devant quelle méthode notre raison devrait abdiquer : à l’annonce d’un fait aberrant, sorti de l’imagination de son auteur qui ne cherche même pas à étayer sa théorie, c’est au contradicteur de prouver la fausseté et l’absurdité de l’assertion. Cette ouverture d’esprit s’expose à la fracture du crâne.

Prenons le au mot : pourquoi ne pas affirmer que Mr Topper se trompe, qu’il inverse les faits. Ce mur païen aurait été construit par les dinosaures eux-mêmes pour se protéger des attaques des humains.
Des arguments? La taille d’un « saurien » lui permettait de faire rouler et d’empiler des rochers de plusieurs tonnes sans efforts. De plus, un mur de trois mètres était suffisant pour arrêter des hominidés (et même des homoncules marins).
Vous trouvez cette hypothèse absurde ? A vous de prouver qu’elle est fausse, prenez du temps, dépensez de l’énergie pour démontrer que cette hypothèse grotesque ne tient pas debout.

Pas d’argument ?

Il est donc grand temps d’arrêter de rire et de vous remettre sérieusement en question.

PS: Il semble que les scénaristes et les producteurs hollywoodiens se tiennent informés des travaux du récentiste allemand car ils ont transposé cette théorie dans un contexte asiatique, et en ont fait un film.

Notes:

[1]       De Sarre François ,Mais ou est donc passé le Moyen-Âge? http://initial.bipedalism.pagesperso-orange.fr/25ma.htm.

[2]       http://www.jcgrelet.com/livres__interview_de_françois_de_sarre_-_sirenes_et_hommes_marins_-_2007

[3]       http://www.ldi5.com/paleo/bi.php

[4]       Cazottes, DE Sarre, Sirènes et hommes marins, Trois spirales, 2006

[5]       http://cerbi.ldi5.com/rubrique.php3?id_rubrique=33

[6]       http://cerbi.ldi5.com/article.php3?id_article=74

[7]       http://cerbi.ldi5.com/article.php3?id_article=185

[8]       http://cerbi.ldi5.com/article.php3?id_article=120C

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Infos de l'auteur

Marion Sigaut est bourguignonne. Née en 1950, elle a commencé à publier en 1989. Au début ses livres sont des récits autobiographiques (Le Petit Coco, Les Deux Cœurs du monde, du kibboutz à l’Intifada, Russes errants sans terre promise) qui racontent notamment sa rencontre avec Israéliens et Palestiniens. Puis, sa connaissance de la réalité israélo-palestinienne l’amène à publier quelques livres de commande auprès des éditions de l’Atelier. D’abord Libres femmes de Palestine et Mansour Kardosh, un juste à Nazareth, puis La Terre promise aux Sud-Africains. En 2001 elle reprend ses études d’Histoire, et commence à publier sur le sujet.

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